7 Mai 2009 - Grand Canyon Village – Monument Valley
Rien que d'écrire ce titre, ça fait rêver, non ?
Ce matin nous rencontrons sans nous faire reconnaître quelques français donneurs de leçons au petit déjeuner, « bikers » de surcroît : et ça y va de « nous les bikers », « les mecs en BM c'est tous des cons qui ne savent pas rouler en groupe », etc... ça parle fort, c'est simple on entend qu'eux et pourtant nous sommes nombreux dans la salle de déj du Best Western. Les pauvres, je les plains d'avoir ce genre de conversations alors que nous sommes dans un endroit si fabuleux...A ce moment là je préfère que les autres consommateurs ne sachent pas que nous sommes nous aussi des « frenchies ».De plus on est voisins de table, mais on n'est moins estampillés Harley Davidson qu'eux. Il n'y a vraiment que les français en voyage pour se croire aussi importants..;
A part cela, petit déj intéressant, on arrive à faire presque dans l'équilibre alimentaire, il y a même des fruits d'un goût onctueux, ça nous met en forme pour notre petite étape du jour qui ne comporte que moins de 150 miles.
On quitte avec beaucoup de difficultés ce site impressionnant qu'est le Grand Canyon, la chance de notre périple d'aujourd'hui c'est qu'on longe la rive sud de Grand Canyon Village jusqu'à sa pointe Est pendant au moins 50 miles. On ne se prive d'aucun arrêt point de vue jusqu'à la pointe extrême du parc à 15 miles du village, là où tout a commencé, puisque les premiers explorateurs ont découvert cet endroit fabuleux en venant de l'est et qu'ils ont, vers le milieu du 19ème siècle aménagé le site de façon à y attirer les touristes jusqu'à ce que la ligne de chemin de fer provenant de Flagstaff et montant plein Nord s'arrête à un endroit situé 15 miles plus à l'Ouest et provoque la création du village, laissant cet endroit comme une des étapes des visites d'aujourd'hui.
Plus on avance à l'Est, plus le canyon se resserre en donnant l'apparence de loin de sortes de craquelures dans la plaine. A partir de la sortie du parc et jusqu'au bout du canyon, chacun des petits parkings bordant les points de vues est occupé par des stands de bijoux et poteries Navajo, Pat en profite pour faire le plein de souvenirs, c'est d'ailleurs fait pour ça...
Il fait une chaleur à faire mourir un pauvre cardiaque (on frise les 100°F à 11h du matin), les mécaniques sont à la peine, d'autant que ça descend mais aussi ça monte pas mal, nous sommes constamment entre 5 et 6000 pieds (1500 à 2000 mètres). Chaque arrêt nous oblige à ôter casques, gants, blousons, à enfiler ma casquette toute neuve du grand canyon pour éviter ce qui m'est arrivé avant hier : de prendre un joli coup de soleil sur mon crâne presque rasé (le premier de sa vie), ça fait super mal.
On arrive à Kayenta vers 15h(?)dans l'après-midi, il faut dire qu'avec tous les arrêts pipi, caca, regarder mais j'achète pas, bouffe (mangeaille mexicaine au programme ce midi) on a vraiment pris notre temps et c'était super.
On est revenu dans la réserve Navajo - on y est en fait depuis le grand canyon, qui délimite la frontière Ouest de leur « Nation » comme ils l'écrivent sur les panneaux de signalisation – en ayant traversé rapidement la réserve Hopi (leurs ennemis ancestraux). Et on est revenu dans ce genre de paysage que j'adore composé de prairies parsemées de bosquets, enchevêtrés dans des espèces de gros blocs rocheux parfois tout ronds, parfois posés comme des châteaux au milieu de rien. Cette verdure laissent la place progressivement à un désert de sable jaune d'abord, puis rouge sang à mesure que l'on s'approche de la vallée des monuments. Au milieu de tout ça vivent les indiens Navajo dans des regroupements de bâtiments construits plus ou moins en dur et comportant un logement principal (souvent un bungalow ou un mobil-home) et d'un hogan en bois plus quelques autres dépendances autour desquelles s'entassent assez souvent un certain nombre de voitures cassées, et d'objets divers et variés, tout cela ne respire pas la richesse mais c'est leur façon de vivre de l'élevage et peut être pour les plus aisés de la vente de bijoux et d'objet d'artisanat aux touristes très nombreux qui traversent leur territoire.
Jusqu'à présent tous les contacts que nous avons eu avec les indiens navajo ont été cordiaux mais il s'agissait presque exclusivement de commerçants ou du personnel de service des hôtels et restaurants mais toujours nous avons eu affaire à des gens aimables. Le seul contact avec la population « locale » que j'ai pu avoir c'était dans une station service lorsqu'un indien m'a demandé un peu d'argent pour manger, sans être agressif.
Nous sommes dans la nation Navajo, ça veut dire qu'aucun blanc américain n'a d'activité commerciale ou officielle ici, les indiens Navajo contrôlent absolument tout jusqu'à la police dont les effectifs sont intégralement indiens natifs.
Je traîne, je traîne, mais ça y est on arrive après une vingtaine de miles – enfin - dans Monument Valley.
Le moment tant attendu de mon voyage (je dis mon mais je pense que Pat et Domi partagent également ce sentiment), au plus on avance sur cette route qui relie Kayenta à Bluff (on y était il y a 2 jours, mais plus à l'est) plus les mesas se font de plus en plus visibles, arrosées de soleil dans un ciel bleu sans aucun nuage, malheureusement légèrement terni par la brume de chaleur et aussi par un vent de sable presque permanent qui nous fait manger la poussière rouge de l'endroit et qui gâche un peu notre plaisir, on ne pourra de ce fait pas emprunter le chemin qui borde les 2 « mains »dans la vallée car, à moto, c'est mission impossible dans ce contexte, la poussière entrant partout dans les narines, les yeux, la bouche, c'est insupportable.
On bifurque à gauche quand l'entrée du parc se trouve sur notre droite pour emprunter la route qui mène au Goulding Lodge où nous avons loué un bungalow, mobil-home « à l'américaine » installé en dur qui comprend, outre 2 chambres séparées, un salon cuisine immense, 2 salles de bains, des toilettes séparées comportant également une douche (ce qui fait 3), un dressing, une salle d'eau où il y a machine à laver et sèche linge, bref la totale, et bien entendu une clim monstrueuse suffisante à gérer l'ensemble, le tout suffisamment pour y vivre à demeure sans y être à l'étroit (pour la modique somme de 226,9&$ comprenant les taxes).
Ce bungalow, en même temps qu'un vingtaine d'autres est situé à l'écart du bâtiment principal composant le Motel Goulding. Le Lodge occupe en fait tout un petit territoire au pied d'une mesa de part et d'autre de la route principale.
Le tout est composé d'un motel, d'un restaurant, d'un trading post qui est en fait une boutique de souvenirs pour touristes (j'y ai trouvé un magnifique couteau avec un manche en os et une belle chemise décorée à l'indienne), d'un théâtre où ils passent en boucle des films ayant pour décor le site, d'une station service et d'une supérette, enfin le bâtiment d'origine qui fut transformé en maison de brique comportant l'appartement des Goulding est transformé en un super musée à la gloire du far west et des acteurs qui ont peuplé le quotidien de Monument Valley depuis les années '30. Enfin, la John Wayne's Cabin où, je suppose logeait l'acteur lors de ses tournages.
Harry Goulding, le fondateur de l'endroit, décédé en 1981, s'était installé là tout jeune au début des années 1920, le site ne comportait à l'époque que 2 ou 3 tentes, vite remplacées par un bâtiment en rondins qui n'était qu'un trading post destiné aux indiens, M.Goulding, marié à une indienne Navajo était le seul blanc qui avait droit de cité sur place, le seul ayant eu droit de faire du commerce dans la vallée. C'est grâce à lui que l'endroit est devenu un lieu de tournage très prisé à Hollywood car au début des années '30, il était allé rendre visite à John Ford en amenant des photos de Monument Valley avec lui, le metteur en scène fut subjugué et amena très rapidement ses équipes de tournage sur le site, de là un certain nombre de films furent tournés jusque maintenant où ça continue encore.
Ce faisant, peut-être sans l'avoir évalué vraiment, il avait assuré sa fortune et celle des sa descendance.
On s'installe, on achète de quoi prendre un petit déjeuner et direction le site, où, il y a à peu près 1 an selon des québécois rencontrés sur place, un hôtel Navajo a été construit carrément sur le promontoire qui surplombe les 2 mesas en forme de mains droite et gauche (ces 2 monts qui représentent toujours le site) ça gâche un peu le paysage vu d'en bas mais en tout cas, c'est un vrai plaisir de siroter une boisson « non alcohol » à la terasse panoramique de l'endroit. Architecturalement parlant (si je peux me permettre) l'hôtel est vraiment laid, c'est un gros bloc de couleur ocre (pour tenter de se fondre) qui denote complètemnent dans cet environnement. Il est encore en extension à ce jour et géré par les indiens Navajo, comme il se doit, après tout piurquoi il n'y aurait que les Goulding à s'en mettre plein les poches car les prix sont équivalents voire plus chers (une chambre pour 2 est à 280$ la nuit).
On reste un long moment à profiter du paysage unique et à discuter avec ce médecin québécois et son épouse qui sont venus nous parler en voyant que nous étions en Harley. Ils sont eux mêmes venus de la côte ouest où ils ont loué une HD Electra Glide Ultra Classic comme c'est le cas tous les ans et venant de Sedona AZ se rendent en direction de Salt Lake City.
On repart ensuite chez Goulding pour y visiter la boutique de souvenirs et le musée et attendre tranquillement le coucher du soleil sur la vallée, c'est sublime (ouais je sais, mais j'ai pas d'autre mot dans mon vocabulaire, j'ai tout épuisé)
On dîne sur place, en même temps, il est difficile de faire autrement vu qu'il n'y a rien d'autre permettant de faire un autre choix.
Nous ne sommes pas déçus malgré les commentaires peu élogieux du Routard sur le restaurant Goulding. Personnellement je dîne d'une spécialité navajo, c'est une espèce de galette composée de céréales et d'un tas d'autres choses qui doit faire le volume de 5 ou 6 de nos crêpes accompagnée d'une potée constituée de boeuf, de pommes de terre, carottes, petit pois, et plein d 'autres légumes, le tout baignant dans une sauce un peu relevée, très bon. La serveuse apporte également un pot de miel et j'en conclue que c'est là pour accompagner et finir le reste de galette que je n'ai pas pu ingurgiter avec la potée, ça fait dessert en même temps si on préfère.
Coucher de soleil sur Monument Valley hier soir et lever de soleil sur Monument Valley ce matin (il est 4h50 au moment où je commence ces lignes et on est le 8 Mai) ça peut paraître rengaine mais c'est vraiment un spectacle qui valait la peine de se lever avant l'aube et de venir jusqu'ici - j'écris face à la fenêtre en regardant à l'horizon - il n'y a pas de mots, et je pense à mon copain Pierre qui ne s'en est pas encore remis et je le comprends bien à cet instant.
Ce matin toute l'équipe est contente car nous avons tout le temps de glander de prendre un bon bain dans la baignoire d'angle, se faire tout beaux et profiter encore du paysage avant de reprendre la route pour nous rendre à Page près du Lac Powell à 120 miles d'ici seulement
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